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Comme chaque année, à l’approche du premier week-end du mois de juin, un fort parfum de fromages commence à se faire sentir du côté de Sainte-Maure-de-Touraine. La fameuse foire aux fromages et à la gastronomie pointe le bout de son nez, prête à s’installer en plein cœur de la commune, et ce sera ces samedi 1er et dimanche 2. Sur cette 38e édition à l’accent ch’ti – le Nord sera à l’honneur à travers le fromage de Bergues et le maroilles – plane surtout un parfum de renouveau. Car si les traditionnels concours interrégional, grand public Edouard Fontaine et des jeunes jurés demeurent, l’apparition d’un marché bio et d’artisans d’art au côté du grand marché du terroir marque un changement de cap. Un retour aux sources Une évolution souhaitée par Jean Meunier et son équipe qui, suite à la démission d’André Monjuré, en janvier, ont repris le flambeau et œuvrent à donner un second souffle à l’évènement. « Je n’irais pas jusqu’à dire que nous souhaitons réinventer la foire aux fromages, mais force est de constater qu’elle bat un peu de l’aile », lâche cet enfant du pays, responsable des services techniques au sein de la mairie. Pour négocier au mieux ce tournant, le nouveau président du comité d’organisation de la foire s’est donc tourné vers Emilie Boillot. La fondatrice de Touraine Terre d’Histoire, entreprise basée à Azay-le-Rideau et spécialisée dans la valorisation du patrimoine culturel et naturel de Touraine, a apporté sa touche bio. « Parce que le bio est dans l’air du temps », justifie Jean Meunier. « Et puis, un événement aussi ancien se doit de se renouveler régulièrement, poursuit Emilie Boillot. Ce n’est pas une critique avec ce qui a été fait auparavant, bien au contraire. Mobiliser les artisans et les producteurs bio colle parfaitement avec les valeurs de la foire, voulues par Claude Larcher, fondateur de l’événement. »
S’ouvrir à d’autres horizons Pour les nouveaux pilotes de l’organisation, ouvrir la foire aux fromages à d’autres horizons, c’est éviter un certain « nombrilisme », mais aussi une manière de lutter contre la faible présence de producteurs locaux. Car si cet évènement reste une vitrine, tous ne peuvent pas se permettre d’en profiter. Faute de temps et de moyens humains. Pourtant, les volumes de sainte-maure-de-touraine augmentent d’année en année : + 127 tonnes entre 2017 et 2018. « Ils ont un métier qui les contraint trop. C’est un vrai casse-tête de les convaincre, grimace Emilie Boillot qui proposera un véritable voyage culinaire à son stand des cinq AOP. Jusqu’à présent, la foire s’est principalement concentrée sur la production AOP que les gens considèrent, à tort, comme automatiquement bio. On veut aussi montrer qu’il y a de très belles productions en Touraine, hors AOP. »
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A quelques encablures du centre-ville de Sainte-Maure-de-Touraine, aux abords de l’ancienne nationale 10. Romain Charcellay et Cyril Charlot font vivre depuis plus
d’une décennie l’exploitation fromagère de La Haute Piltière. « On a repris la suite de nos patrons. Romain était déjà salarié, je suis venu me greffer », explique
Cyril.
Depuis, les deux trentenaires prennent part chaque année à la foire. Un évènement à part et une quasi-obligation pour ces gamins de Sainte-Maure-de-Touraine. :
« On ne peut pas ne pas y être, sourient-ils. C’est un rendez-vous majeur, le seul évènement auquel on participe. »
Pour les deux acolytes, qui produisent quelque 60.000 tonnes de fromages par an (AOP et hors-AOP), la foire, c’est aussi une vitrine qui demande des sacrifices.
« Je ne devais pas travailler, mais je vais bosser pendant deux jours non-stop au lieu d’être avec ma femme et mes enfants, lâche Cyril, qui admet qu’il s’agit avant tout d’un choix
de sa part. Ça permet de rencontrer certains clients qui n’ont pas l’occasion de nous rencontrer durant l’année alors qu’ils achètent nos produits en ville. C’est important de maintenir cette
proximité, aujourd’hui plus que jamais. Et puis, ça permet de montrer qu’on est là, que notre profession existe encore. »
Ce week-end, comme les années précédentes, Cyril et Romain devraient vendre autant de fromages qu’en une petite semaine de travail « normale ». Ils y
proposeront du sainte-maure-de-touraine, forcément. Exclusivement du sec, « de la fleur de sainte-maure, du sec affiné pendant trois mois que l’on réduit façon parmesan. » Leur
marque de fabrique.